Julie Hermesse
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Julie Hermesse est titulaire de la Chaire.
Anthropologue · Professeure UCLouvain
Anthropologue habitant Bruxelles, cœur de l’Europe, la question de l’appartenance européenne s’impose d’elle-même. Les attachements territoriaux peuvent se comprendre au travers de récits des citoyen·nes européen·nes ainsi que par leurs pratiques. Ethnographier comment les Européen·nes, sous trame de fond de collapsologie, contribuent par des actions locales (urbaines et rurales) aux transitions écologiques me semble offrir une porte d’entrée prospective pertinente pour appréhender anthropologiquement ce qu’est être européen·ne face aux enjeux de ce 21e siècle et comment renouer avec un projet commun.
En tant que chargée de cours en Anthropologie, au sein de la Faculté des Sciences économiques, sociales, politiques et de communication (ESPO) et de l’Institute for the Analysis of Change in Contemporary and Historical Societies (IACS) et en tant que titulaire de la Chaire Anthropologie de l’Europe contemporaine (Chaire AEC), j’ai l’opportunité de me positionner à l’intersection des trois missions confiées aux académiques : la recherche, l’enseignement et les services à la société.
Dans le cadre de mon engagement, je souhaite poursuivre mes recherches sur l’axe de la Chaire AEC, « Europe et transitions ». Dans un contexte global de changements climatiques, les gouvernements européens convergent pour affirmer la nécessité d’une transition écologique. La diversité des propositions nationales témoigne d’une certaine aspiration à une Europe politiquement engagée et proactive sur le plan écologique, même si les moyens d’y parvenir divergent. Concrètement, dans le domaine de l’agriculture, la stratégie Farm to Fork émise par la Commission européenne (2020) converge avec le nouveau portefeuille du Green Deal.
À côté d’une attention au contexte politique et institutionnel européen, mon agenda de recherche se décline en trois thématiques qui impliquent des analyses empiriques et conceptuelles.
- Écologisation, reterritorialisation et repaysanisation en Europe
- Dépendance aux phytosanitaires et endettement dans l’agriculture conventionnelle
- Agriculture sociale
Ces trois thématiques guideront mes investigations dans le courant des années à venir sur l’éclatement des agricultures européennes et sur l’adéquation du projet originel modernisateur unificateur de la PAC au sortie de la guerre.
Ces thématiques requièrent, pour leur faisabilité, des collaborations de recherche internes et externes. Celles-ci prennent des formes diverses : discussions informelles, invitations à des séminaires, co-organisation d’événements scientifiques, co-écriture d’articles ou de chapitres, rédaction de projet de recherche…
En ce qui concerne mon parcours dans la recherche académique, je débutai par une recherche doctorale inscrite dans les Disasters studies. J’ai traité des questions de catastrophes et de déconstruction socio-naturelle de ces phénomènes depuis le courant d’étude qu’est la Political ecology et depuis le prisme de l’anthropologie symbolique. Suite à un mandat d’aspirante FNRS, je séjournai au total plus de 15 mois au Guatemala et défendis ma thèse en mai 2011.
Ensuite, dans le cadre de mon post-doctorat, je me suis orientée vers l’analyse des marges d’adaptation et de résilience des petits systèmes agraires face aux menaces hydroclimatiques. À partir de terrains d’investigation réalisés à Cuba et aux Philippines et mon séjour de recherche réalisé à l’Environmental Change Institute (Oxford University) (collaboration avec T. Thornton et L. Rival), j’ai focalisé ma recherche sur l’agriculture paysanne et sa logique adaptative grâce à l’observation fine et quotidienne de l’environnement cultivé.
Mes dernières recherches ont eu comme objet (1) l’analyse des transitions agroécologiques (recherche Ultra Tree sur la viabilité des installations maraîchère sur petite surface dans le péri-urbain bruxellois ; recherche sur le verrouillage des systèmes semenciers en Belgique et en France) et plus largement (2) la compréhension des transitions écologiques (projets de recherche CONACI et Wood in Molenbeek qui traitent tous deux de l’économie circulaire à Bruxelles ; recherche ANR Bioculturalis sur des protocoles bioculturels coordonné par des collègues de l’université Grenoble-Alpes).
Le traitement de la thématique des transitions (en particulier des systèmes alimentaires), à partir de dispositifs participatifs innovants, constitue un approfondissement empirique d’un sujet abordé depuis les débuts de ma carrière de chercheuse : réfléchir sur les transitions écologiques et anthropologiques afin d’anticiper des menaces et apprendre à vivre avec et à contrer les catastrophes