Quel lien entre séparatisme et collaboration ?
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Communiqué de presse - Recherche UCLouvain
En bref :
Article : https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/ejsp.2664 Contact(s) presse : Pierre Bouchat, chargé de cours invité à la Faculté de psychologie de l’UCLouvain, gsm sur demande, pierre.bouchat@uclouvain.be |
La collaboration et l’amnistie des collaborateurs influencent-elles encore les choix politiques des Belges quant au futur de leur pays ? Les scientifiques UCLouvain, en partenariat avec la KULeuven, l’UGent et l’ULB, font le lien entre séparatisme et attitude face à la collaboration.
922 Belges ont été interrogés, dont 377 Flamand·es et 545 Wallon·es. Les résultats sont clairs :
- Dans une partie de la population néerlandophone, les collaborateurs ont été historiquement dépeints comme des victimes d’une action anti-flamand·es. La collaboration et le soutien à l’amnistie des collaborateurs sont jugées plus morales, acceptables, que du côté de leurs compatriotes ;
- Pour les Francophones, les collaborateurs ont généralement été perçu jusqu’à présent comme des criminels et des traîtres.
75 ans après la fin du conflit, le pays est toujours partagé quant à la mémoire de la Seconde Guerre mondiale.
Quelle influence sur les choix politiques ?
- Côté francophone, pas d’impact ;
- Côté néerlandophone, c’est une autre histoire. Les personnes les plus favorables à l’amnistie et percevant la collaboration comme tolérable ont tendance à supporter l’option d’une séparation future des communautés. Et ce n’est pas une question de génération : cette tendance se retrouve aussi chez les plus jeunes. Il y a donc bien, pour une partie des Belges, un impact des mémoires de la guerre sur leurs choix politiques.
Des résultats en contraste des dernières élections fédérales
L’impact politique de la collaboration et de l’amnistie des collaborateurs se ressent en Belgique : lors des élections fédérales de mai 2019, 43,3 % des Flamand·es ont voté pour des partis politiques à tendance séparatiste (la N-VA, mais aussi le Vlaams Belang). Pourtant, l’étude UCLouvain présente un résultat à l’opposé : « quand on interroge les répondants quant à l'orientation future qu'ils préfèrent pour leur pays, la perspective d'une unification renforcée des deux communautés est l'option la plus favorisée tant par les Néerlandophones que par les Francophones », explique Pierre Bouchat. Une tendance qui surprend : voter pour des partis à tendance séparatiste ne signifie pas vouloir la division de la Belgique.
La Seconde Guerre mondiale influence donc encore aujourd’hui le vote d’une partie de la population flamande, y compris les générations plus jeunes. Néanmoins, les opinions évoluent : le poids de ces traces du passé ne suffit pas à compromettre l’avenir commun de la Belgique.