L’UCLouvain invite à « voir la réalité en face »
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Communiqué de presse - Docteur·es honoris causa 2022 de l’UCLouvain : Chimamanda Ngozi Adichie, Florence Aubenas, Michael E. Mann
En bref :
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L’UCLouvain remettra les insignes de docteur·es honoris causa le 2 février 2022 à Chimamanda Ngozi Adichie, écrivaine et militante féministe et contre le racisme, Florence Aubenas, journaliste et écrivaine, et Michael E. Mann, climatologue, autour du thème « la fragilité du vrai ».
Le lien qui unit ces 3 personnalités ? Elles fondent leur engagement sur des faits réels. Chacune s’illustre par sa persévérance à ouvrir les yeux d’une société souvent aveugle face à des réalités maintes fois dénoncées et scientifiquement prouvées, telles que les inégalités raciales, genrées, sociales et le réchauffement climatique causé par l’homme. Et pourtant, sans cesse remises en question. D’où cette fragilité du vrai.
En les mettant à l’honneur, l’UCLouvain entend jouer son rôle sociétal et rappeler l’importance de voir la réalité en face : ces inégalités ne sont pas admissibles. Il est essentiel que la société admette ces réalités afin de mettre en œuvre des actions concrètes et pérennes pour y remédier.
Qui sont les futur·es docteur·es honoris causa de l’UCLouvain ? Découverte en quelques mots :
Chimamanda Ngozi Adichie, 44 ans, est écrivaine, militante de la cause raciale et féministe nigériane. Elle quitte le Nigeria à 19 ans pour les États-Unis, pour y étudier la communication et les sciences politiques, la création littéraire et les études africaines. Elle vit entre Lagos et Washington.
Sa carrière littéraire prend son envol avec la publication, en 2003, de L’Hibiscus pourpre (Purple Hibiscus). En 2013 paraît Americanah, parcours d’une jeune femme nigériane émigrée aux États-Unis, confrontée à la pauvreté, la discrimination, le racisme. En 2014, Chimamanda Ngozi Adichie publie We should all be feminists, et en 2017, Chère Ijeawele ou Un manifeste pour une éducation féministe, deux essais où elle prône une éducation féministe qui devrait être donnée dès le plus jeune âge. Dans la foulée, elle est élue à l’Académie américaine des arts et des sciences, l’un des plus grands honneurs intellectuels aux États-Unis et Fortune Magazine la nomme parmi les 50 leaders du monde.
Son lien avec le thème de l’UCLouvain, « la fragilité du vrai » ? Chimamanda Ngozi Adichie met en garde contre le danger et la fragilité d'une histoire unique. L’idée est qu’un récit dominant sur un pays, un peuple ou un groupe acquiert subrepticement le statut de vérité unique. Cette vérité unique est fragile car elle est terriblement réductrice. Ces récits uniques sont nourris de stéréotypes (les africains sont pauvres) et si nous n’y prenons pas garde, ils finissent par nous mettre des œillères. C’est pour ça qu’il est important de raconter des histoires multiples, pour incarner les vérités multiples.
Florence Aubenas, 60 ans, est journaliste, écrivaine et reporter française. Elle mène une carrière remarquable dans le journalisme (à Libération puis au Nouvel Observateur et au Monde), en innovant tant dans les méthodes d’enquête que dans l’écriture : « Quand j’ai commencé le reportage, c’est tout de suite devenu une drogue : je n’arrivais plus à rentrer chez moi » explique-t-elle.
En 2005, elle est l’une des premières personnes à soulever la question de la culpabilité des inculpés dans le procès d’Outreau, révélateur des dysfonctionnements judiciaires et médiatiques. Elle a également été grand reporter au Rwanda, au Kosovo, en Algérie, en Afghanistan et en Irak, où elle a été retenue 5 mois en otage, puis en Syrie où elle couvre le conflit depuis 2012.
Florence Aubenas n’hésite pas à s’engager dans des enquêtes presque ethnographiques pour rendre compte de réalités sociales méconnues, sur la France des travailleurs précaires, dont sont tirés les romans La Méprise : l'affaire d'Outreau, Le Quai de Ouistreham, En France et L’inconnu de la poste.
Son lien avec le thème de l’UCLouvain, « la fragilité du vrai » ? Tout au long de son parcours de journaliste, Florence Aubenas a été confrontée à cette recherche de la vérité, tellement mise à mal aujourd'hui à l'époque des fake news. La volonté de comprendre en allant sur le terrain, au plus près des faits, et ensuite, de dénoncer, marque sa vie professionnelle.
Michael E. Mann , 56 ans, est climatologue et géophysicien américain, actuellement directeur du Earth System Science Center de l'Université d'État de Pennsylvanie. Il est spécialiste des méthodes de reconstruction de l’évolution du climat et il a été l'un des auteurs principaux du 3e rapport d’évaluation du GIEC en 2001. Il a été listé parmi les 50 personnes les plus influentes par Bloomberg News en 2013 et il a été élu à l’académie nationale des sciences américaine en 2020.
Il a contribué à la compréhension scientifique du changement climatique, via la mise au point de techniques visant à mieux mettre en évidence les tendances significatives des données climatiques et permettre ainsi la prise de conscience de l’augmentation de la température au cours des derniers siècles. Il est également cofondateur et contributeur au blog en climatologie RealClimate. Début 2019, il a été récompensé par le Tyler Prize for Environmental Achievemen, équivalent du Nobel de l’environnement.
Michael Mann est l'auteur de plus de 200 publications scientifiques et de 5 livres dont La maison de fous : comment le refus du changement climatique menace notre planète, détruit notre politique et nous conduit vers la folie (2016), co-écrit avec Tom Toles et un livre pour enfants qui paraîtra en 2022, « The Tantrum that saved the world : carbon neutral kid’s book ».
Son lien avec le thème de l’UCLouvain, « la fragilité du vrai » ? Michael Mann a vu ses travaux être critiqués avec véhémence par des groupes d’influence et des hommes politiques (dont il s’est avéré qu’ils étaient soutenus par les lobbys des énergies fossiles), prétendant qu’il avait trafiqué les données pour que sa fameuse « courbe en forme de crosse de hockey » soit plus marquante. Depuis plus de 20 ans, il fait face à des tentatives malveillantes de décrédibilisation en tant que scientifique, de menaces (sur sa personne, sa famille, sa recherche) mais tient le cap malgré tout. En réaction à cette fragilité des faits, Michael Mann a créé le blog « RealClimate.org », pour persévérer dans sa mission de rendre compte de la réalité et de l’urgence du réchauffement climatique.