Lieu : localc P61
Avec Roxane Gabet, chercheuse en anthropologie et sciences sociales à l'ULB.
Face au nouveau régime climatique, les projets dits de « transition écologique » cherchant à remédier à des situations de ravage complexes se multiplient. L’élevage bovin revient souvent au centre des débats, à la fois comme responsable d’émissions de gaz à effets de serre, et devant faire face à l’injonction à « s’adapter » au changement climatique. Entre vaches polluantes et écologies inhabitables, qu’est-ce que cela veut dire « d’adapter » les ruminants à des chaleurs et sècheresses futures et incertaines, au nom d’un “futur plus vert”? Comment les corps des vaches deviennent les sites d’intervention pour des projets de géo-ingénierie environnementale ? Que peut-on espérer des sciences et des technologies, et que doit-on en attendre ?
Dans un premier temps, Roxane Gabet propose de vous embarquer dans son ethnographie de laboratoire en cours, menée auprès des biologistes de la reproduction et des généticien·nes, où elle est en quête de traces de cette « vache à venir » à travers ses multiples modes d’existence.
Dans un second temps, elle souhaite inscrire ces projets technoscientifiques dans une histoire plus longue de coévolution inter-espèces, forcément située. Les façons dont les vaches transforment les milieux où elles vivent sont rendues d’autant plus visibles dans les histoires d’occupation, de colonisation et d’acclimatation impliquant des déplacements forcés d’écosystèmes entiers. Tout en gardant cela à l’esprit, elle propose de reposer la question de “l’adaptation” par le territoire à partir d’une enquête autour du remembrement rural en France où, dès la Deuxième Guerre mondiale, une politique de réorganisation du foncier à des fins de progrès agricole accompagne la standardisation des races bovines. Comment ces généalogies fondent-elles les conditions réelles des vaches “du futur”?
La question qui relie ces deux pans de ses recherches – qui empruntent à la fois à la socio-anthropologie des sciences, les STS féministes, les études autochtones et à l’histoire environnementale – et qui sera son fil rouge ce jour-là est celle de savoir quelles sont les forces structurelles qui re-forment le territoire à travers le corps des vaches, au nom de qui, au nom de quoi ?
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