De l'art d'entretenir le racisme systémique, l'« inempathie » et les violences de masse en disqualifiant — sans se l'avouer — systématiquement les cultures des Suds et extra-occidentales
Intervenant : Jérémie Piolat, Docteur en sciences politiques et sociales, anthropologue, professeur de l'enseignement supérieur et membre du LAAP (Laboratoire d'anthropologie prospective) de l'UCLouvain. Il est l'auteur (entre autres) des livres "Sudalisme" et "Portrait colonialiste".
Séminaire co-organisé par les membres du Centre de recherches et d'interventions sociologiques (CESIR) et du Centre de Recherche en Histoire du Droit, des Institutions et de la Société (CRHiDI).
Résumé :
Dans son ouvrage « Arts primitifs, regards civilisés » l’anthropologue Sally Price nous rappelle qu’on peut dévaloriser une communauté humaine spécifique en attaquant « son éducation » (en retard d’un point de vue civilisationnel) ou « son patrimoine génétique ». Autrement dit, la mise à distance méprisante d’une communauté peut cibler la culture ou le corps. C’est de la disqualification des populations extra-occidentales par le biais de ce que l’on dit de leurs cultures dont parlera Jérémie Piolat.
Ce genre de disqualification, en occident eurocentré, choque en général moins qu’un discours relevant d’un racisme néo-biologique. Il est difficile de se choquer de l’infériorisation d’une culture dont on ne sait rien. Cet habitus de disqualification culturelle des Suds peut se rencontrer sur des terrains a priori inoffensifs et même officiellement soutenant, comme les associations travaillant avec des personnes migrantes, mais également dans milieux a priori intellectuels ou artistique et de gauche. Il peut également circuler dans de nombreux discours ou mythes policiers aisément médiatisés. Bien qu’il ne semble attaquer que la culture, cet habitus disqualifiant relatif aux Suds et qui se vit comme une expertise peut également finir par légitimer les violences les plus radicales et massives contre les populations non blanches.
Local : P61
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