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Récit de vie – Métissage des concepts

cedie | Louvain-la-Neuve

cedie
10 September 2024, modified on 18 December 2024

 

Création musicale Handpan pour le jingle  : Pilou
Prise de son et mixage : Julien Van der Vorst
Choix musicaux en accord avec le texte  : Jonas Sindani

Présentation du récit

Lorsque nous avons envisagé de réaliser un podcast en swahili, langue parlée par au moins deux membres de l’EDEM, nous n’avions pas pris la mesure du défi. Une traduction a été demandée à Jocelyne Mulera, traductrice en swahili, langue qu’elle a apprise et pratiquée en Tanzanie. Nous avons réalisé que cette traduction était impossible à appréhender pour Jonas Sindani, swahiliphone du Kivu.
Nous avons consulté alors Patrick Mudekereza, Congolais, écrivain et swahiliphone. Il nous a indiqué avoir été confronté dans son travail « aux énormes différences de vocabulaire et de grammaire entre les variantes du swahili au point de se poser la question s’il s’agit vraiment de la même langue, n’étant plus mutuellement compréhensibles ». Il a également mis en évidence l’accentuation de ces différences par « les apports des langues européennes de chaque région ».
Jonas Sindani a alors décidé de réaliser une traduction qui prenne en considération les nuances de sa région tout en reconnaissant les imperfections qu’elle pourrait comporter. Il a souhaité associer Etienne Hakizimana, Rwandais et swahiliphone à cette démarche, afin d’envisager ainsi une langue susceptible d’être comprise par toutes et tous dans leur région du Kivu. C’est cette langue que vous entendrez dans le podcast.
Afin de permettre de prendre la mesure des nuances, nous avons joint au texte en français la version en swahili de Tanzanie.
Nous tenons à remercier toutes celles et tous ceux qui ont permis d’appréhender la complexité du swahili parlé par tant de tant de peuples différents et également de rassembler ces subtilités en une traduction que nous espérons accessible à de nombreux swahiliphones.

Récit

Je suis né entre la première et la deuxième guerre de Kivu en 1998. J’ai été contraint d’intégrer le concept de guerre et les réflexes qu’il induit, de savoir comment se déplacer, comment fuir avant de rejoindre les bancs de l’école.  

Je suis né à Goma, ville de l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), située sur la rive nord du lac Kivu. Mes parents ont toujours vécu au nord de la ville, à côté du volcan Nyiragongo. J’ai appris à vivre au rythme de ses éruptions. On nous en parlait comme on nous parlait de la guerre, nous connaissions tous les dangers que sa présence est susceptible de causer.

Le 17 janvier 2002, une éruption importante eut lieu. Je me souviens encore du moment précis. La nuit allait tomber, j’étais dans la rue en train de jouer au football avec des voisins-amis. Nous avons vu de la fumée rouge et le ciel qui devenait également rouge. Nous sommes tous rentrés chez nous. Avec mes parents, mes 4 sœurs et mes 6 frères, nous sommes restés, dans un premier temps, calmement à la maison.

Le volcan était en ébullition, des coulées de lave ont atteint la ville de Goma, détruisant des habitations et forçant des milliers de personnes à fuir. C’était la première fois que j’assistais à un de ses débordements et que je ressentais dans mon corps l’obligation de trouver refuge. Nous nous sommes mis en route avec des milliers d’autres vers Gisenyi, ville du Rwanda située à la frontière avec la RDC.

Une marée humaine s’y déplaçait. Il n’y avait pas autant de véhicules à l’époque qu’il y en a aujourd’hui. Chacune et chacun tentait de trouver un moyen de fuir. Je faisais partie des plus jeunes et comme les autres enfants de mon âge j’étais sur les épaules d’un aîné. C’était le seul moyen de ne pas se perdre dans le flot qui essayait d’arriver de l’autre côté du lac plus vite que la lave. Quand nous sommes arrivés sur l’autre rive, nous avons vu la ville s’embraser.

C’était effrayant de voir les maisons être englouties par cette coulée incandescente, certains quartiers étaient consumés. Nous pouvions lire l’angoisse sur les visages des aînés. Après 4 nuits, nous sommes rentrés chez nous, nous avons retrouvé notre maison.  

Notre quartier avait été épargné, la lave a sa propre logique qui nous échappe. J’ai vu la lave contourner l’ancienne cathédrale située au quartier Virunga. Des maisons en dur avaient été englouties à 500, 700 mètres de chez nous, notre maison en planches avait résisté. Nous avons été parmi les premiers à rentrer, notre maison nous semblait être un abri, elle avait pu résister.

À ce moment, j’ai réalisé vivre dans un lieu insécure. Le lac Kivu contient du gaz méthane qui, s’il n’est pas exploité, est inflammable et explosif, ce qui est le cas. Le sentiment de paix que tu peux avoir quand tu le contemples est un leurre, tu es inévitablement inquiet quand tu connais les conséquences possibles de la rencontre entre les résidus volcaniques et le gaz méthane.

Avec le Rwanda voisin, nous avons en commun un lac, certains groupes ethniques, des traditions en tant que Bantoues. Nous avons également de mêmes habitudes culinaires. Nous partageons un patrimoine comme des risques. Quand je suis au Rwanda, je me sens chez moi et je sais qu’il en est de même pour certains Rwandais. Je pense qu’il devrait être permis à chacune et chacun des ressortissants de nos pays de séjourner dans chacun d’eux. La règle devrait être la fluidité de la circulation dans cette région.

J’ai été formé à l’école primaire par des prêtres. J’étais un élève brillant. Les membres de la congrégation religieuse considéraient que je rejoindrais un ordre religieux. J’en avais les capacités intellectuelles. Mais si j’ai la foi et si celle-ci peut guider certaines de mes actions, jamais je n’ai eu de vocation religieuse.

Après l’éruption volcanique, j’étais allé habiter chez mes grands-parents paternels et je suis devenu catholique, comme eux. Mes parents sont protestants. Dans la famille, seuls mon grand frère et moi sommes catholiques. Durant mes humanités, j’ai étudié les mathématiques et la physique. Quand s’est posée la question des études supérieures, la théologie n’était pas une option comme tu l’auras compris. J’ai souhaité opter pour le droit même si je risquais de ne pas être très crédible, je faisais un virage à 360°. J’ai commencé à étudier dans ma ville, à l’Université de Goma (UNIGOM). La rigueur qui me vient sans doute des mathématiques et de la physique et peut-être de l’éducation religieuse me fut utile. Cette orientation me convenait parfaitement.

J’ai très rapidement commencé à m’impliquer au sein des associations qui visaient à promouvoir l’état de droit et s’engageaient pour le respect des droits humains. J’ai réalisé des missions de droits de l’homme, d’éducation civique en tant que responsable plaidoyer et communication pour l’organisation Congo Peace Network notamment dans les entités décentralisées. Cette expérience m’a permis d’acquérir une autre connaissance de mon pays. J’ai effectué des missions dans des provinces où je n’avais encore jamais été, notamment dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, du Maniema, de la Tshopo et dans la ville-province de Kinshasa. J’ai pu réaliser l’emprise de la violence dans ces provinces comme les violations massives et systématiques des droits humains qui s’y propageaient en toute impunité.

Plus les années passaient, plus je réalisais l’importance du droit pour faire face aux situations d’injustice et en même temps combien l’injustice peut venir de la banalisation du traitement d’une affaire par les instances judiciaires. Quand des affaires de violences sexuelles m’ont été assignées lorsque j’ai commencé le barreau, j’ai été révolté de voir comment celles-ci étaient traitées, le peu d’importance qui leur était donnée et le peu de crédit donné aux propos des victimes.

Ces expériences m’ont sensibilisé à la question des droits humains. J’ai décidé de faire un master de spécialisation après ma licence (équivalent du Master 2) et ai eu l’opportunité de réaliser le programme Human Rights and Democratisation in Africa à l’Université Pretoria en Afrique du Sud et à l’université d’Oslo en Norvège. Un partenariat est organisé entre ces deux universités par le Center for Human Rights de la faculté de droit de l’Université de Pretoria et le Norwegian Centre for Human Rights de l’Université d’Oslo.

Je ne parlais pas couramment anglais avant de rejoindre ce programme, j’ai dû apprendre cette langue en même temps que de suivre l’enseignement de ce master. J’arrivais au cours d’anglais à 7 heures et ensuite rejoignais mes collègues. J’ai pu grâce à cette expérience ajouter une langue à la liste de celles que je parle pour l’instant : le kiswahili, le lingala, le kinande et le français. L’anglais me permet d’être exposé à des systèmes juridiques différents et à des modes de pensée différents. Le kiswahili me permet de communiquer dans toute la région, il est utile pour réaliser les entretiens pour ma recherche doctorale.

Pendant mon master de spécialisation, j’ai appris la possibilité de recherches croisées entre des universités de RDC et de Belgique. Dans le cadre de ces partenariats, ils recherchaient des chercheurs doctorants, j’ai postulé et j’ai été retenu. Sylvie Sarolea est l’une des promotrices de ma thèse, le second est Trésor Maheshe, également membre de l’EDEM. Elle fut ma porte d’entrée pour l’EDEM. Tous ceux qui travaillent avec Sylvie Sarolea sont intégrés à l’EDEM, un réseau de chercheuses et chercheurs avec lesquels des connexions se créent. Grâce à cet automatisme, nous sommes amenés à travailler la question de l’immigration, publions des commentaires dans les cahiers de l’EDEM. Cela nous permet d’inscrire nos recherches dans d’autres perspectives.

Dans mon cursus, je n’avais pas eu de cours de droit des réfugiés. L’EDEM m’a permis d’appréhender un nouveau domaine de recherches dont j’ignorais les réalités juridique comme humaine jusque-là. En lisant les collègues, j’ai pris conscience du défi majeur pour l’Afrique et pour l’Europe, j’ai aussi éprouvé différemment la question des droits humains et de leur respect.

Ma thèse porte sur l’accès à la justice des victimes de violations massives des droits humains en RDC. Indirectement, elle pose la question de l’impunité comme celle du sentiment d’injustice qu’elle génère qui me sont tellement chères. Grâce à ce sujet de recherche, je peux réaliser un lien avec mon expérience de terrain des ONG.

Ma thèse doit être réalisée en 4 ans. Grâce à une bourse ARES, elle me permet à la fois d’acquérir des connaissances supplémentaires et également d’analyser autrement la réalité de mon pays. Quand elle sera terminée, je voudrais pouvoir mettre mes compétences au service de ma communauté, c’est elle qui me donne le courage de relever les défis. Les thèses « sandwichs », comme la mienne, impliquent des séjours dans des universités du nord et du sud, elles permettent aux doctorants du sud de rester en connexion avec leurs communautés et les réalités de leurs pays qui sont souvent extrêmement mouvantes. Quand j’ai passé 6-7 mois en Belgique, je suis content de rentrer chez moi.

Ma question de recherche part d’un constat : les approches top-down – des approches institutionnelles insufflées du sommet à la base – pour répondre aux crimes de masses présentent certaines insuffisances, les processus peuvent en eux-mêmes générer un nouveau sentiment d’injustice. Pour y répondre, je veille à développer une approche pluridisciplinaire ce qui me contraint à articuler des méthodologies juridiques inspirées du common law et du civil law comme les méthodes de sciences sociales. 

Ma méthodologie inclut des observations participatives et divers types entretiens. Je me forme à ces diverses techniques auxquelles je n’étais pas aguerri en sortant de mes études de droit, pas plus que je l’étais aux principes de justice transitionnelle qui me sont utiles aujourd’hui. Les entretiens déjà réalisés m’ont permis de réaliser l’impact de l’absence de mise en œuvre d’une décision de justice ordonnant une réparation. Cette ineffectivité génère des frustrations pour toutes et tous.

Je veille à mettre en évidence les autres processus existants et les potentialités des modes traditionnels de résolution des conflits comme la créativité de certaines communautés locales pour répondre adéquatement aux exactions commises et aux traumas générés. La littérature révèle qu’entre les différents acteurs règne un climat de méfiance et parfois de défiance. Je cherche à analyser les dynamiques d’interactions actuelles pour tenter de définir de nouvelles modalités de collaboration.

En tant que chercheurs, il nous incombe de réfléchir à de nouveaux modes de justice, à des modes alternatifs pour garantir la protection des droits humains. À ce stade de mes recherches, je réalise combien le droit positif, posé dans les textes de loi, a été surestimé. Il a pu être enseigné comme la seule solution adéquate à tous les problèmes de société. Aucune place n’était laissée à la justice coutumière et aux modes alternatifs de résolution des conflits. La réalité était tronquée et imposait un nouveau modèle.

Dans le cadre de cette recherche doctorale, je peux travailler sur certaines notions qui me viennent de ma culture biblique telles le pardon, la justice mais également le châtiment divin. Je prends la mesure de certains décalages grâce à cette recherche. Rassembler, concilier est primordial pour ma communauté et cela ne me semble pas aussi important pour la culture occidentale articulée autour de l’idée d’une hiérarchie et d’une suprématie.

Le colon n’a pas pris en compte les réalités locales au moment d’édicter les règles. Intégrer la diversité ne fut même pas envisagé à l’époque. C’est aujourd’hui un postulat de base que de les prendre en compte. Cette nouvelle conception permet de respecter la place de chacun et évite toute préséance. Je suis heureux de pouvoir travailler de l’intérieur cette question du métissage des concepts.

Mes recherches me permettent d’apprendre à voir d’un point de vue différent, comme je le fais en regardant ma ville depuis Rubavu, qui est le nouveau nom de Gisenyi.

Texte en swahili

Nilizaliwa kati ya vita ya kwanza na ya pilli ya Kivu mnamo mwaka 1998. Nikiwa hata sijaanza shule, niililazimika kukubaliana na mtazamo wa vita ambao uisababishwa na ushawishi usiozuhilika, kujua kujisafirisha na kukimbia hatari.

Nilizaliwa katika jiji la goma, linalopatikana mashariki mwa Jamhuri ya Kidemokrasia ya Kongo (DRC), karibu na  kasikazini ya ufukwe wa ziwa kivu.  Siku zote wazazi wangu waliishi kaskazini mwa jiji hilo, karibu na mlima Nyiragongo utoao volkeno. Nilijifunza kuishi kulingana na hali ya milipuko hiyo. Tuliambiwa kuhusu milipuko hiyo ni kama tunaelekea vitani, na tulijua hathari zote zinazoweza kutokea .

Mnamo mwezi wa kwanza mwaka 2002 kulitokea mlipuko mkubwa sana, na bado naikumbuka siku hiyo vizuri. Usiku ulikuwa unakaribia kuingia, nilikuwa mtaani nikicheza mpira na marafiki zangu  wa hapa jirani. Tuliona moshi mwekundu na anga kubadirika kuwa jekundu pia. Sote tulienda nyumbani. Mimi, wazazi wangu, dada zangu wanne na kaka zangu sita, tulikaa nyumbani kwa utulivu mkubwa.

Velkeno ilikua ikichemka, ujiuji wa volkeno ulianza kumiminika na ulifika  jiji la Goma, uliharibu makazi na kulazimisha maelfu ya watu kukumbia. Ilikuwa ni mara yangu ya kwanza kushuhudia mlipuko wa  aina hii na kuhisi kuna ulazima wakutafuta sehemu ya kujihifadhi. Tulikimbia na baadhi ya maelfu kuelekea Gisenyi, mji wa Rwanda uliopo mpakani mwa DRC.

Wimbi la watu liliamia hapo. Hakukuwa na magari mengi wakati huo kama ilivyo sasa. Kila mtu alikuwa akijaribu kutafuta njia ya kujisaidia. Nilikua miongoni mwa Watoto wenye umri kama wangu, nilikuwa kwenye mabega ya mtu mzima. Hii ilikuwa ni njia pekee ya sisi wototo tusipotee wakati tukijaribu kuvuka kwa haraka kuelekea upande wa pili wa ziwa kabla ya ujiuji wa volkeno kufika. Tulipofika upande mwingine wa ziwa, tuliona mji unawaka moto.

Ilikua inaogopesha kuona nyumba zikimezwa na mtiririko huo wa volkeno, baadhi ya wiliya ziliteketea. Tuliweza kuona uchungu kwenye nyuso za wazee. Baada ya siku nne tulirudi nyumbani. Nyumba yetu bado ilikuwa imesimama.

Majirani zetu walipona, lakini ujiuji wa vilkeno inauelekeo wake ambao sisi hatukuelewa. Niliona ujiuji wa volkeno ukizunguka kanisa kuu lililopo wilaya ya Virunga.  Nyumba za tofali zilikuwa zimezama takribani mita 500, 700 kutokea kwetu, lakini nyumba yetu ya mbao iliweza kusimama. Tulikuwa miongoni mwa watu wa kwanza kurudi, nyumba yetu ilionekana kama kimbilio, kwa sababu iliweza kusalimika.

Wakati huo, niligundua kwamba nilikuwa nikiishi mahali pasipo salama. Ziwa Kivu lina gesi ya methane ambayo isipotumiwa inaweza kuwaka na kulipuka. Hisia za amani unazoweza kuwa nazo na ukifikilia kuhusu hili zinikua nikama kujidanganya, bila shaka unakuwa na wasiwasi unapojua matokeo yanayoweza kutokea ya kukutana kati ya mabaki ya volkeno na gesi ya methane.

Na Jirani zetu Rwanda, tunatumia ziwa kwa pomoja, tunashiriki kwa pamoja baadhi ya makabila, mila na desturi za kibantu. Pia tuna mapishi ya aina moja. Tunashiriki kwa pamoja katika urithi na hatari zozote. Nikiwa Rwanda, ninahisi nipo nyumbani na najua ni vivo hivyo kwa wanyarwanda wakiwa kwetu. Nafikiri raia wa nchi hizi mbili wangeruhusiwa kukaa sehemu yoyote katika hizi nchi. Sheria ilipaswa kuwa kwamba watu wanatakiwa kupita huru katika haya maeneo.

Katika shule ya msingi nilikua nikifundishwa na makasisi. Nilikuwa mwanafunzi mwerevu sana. Familia yangu na waumini wengine walifikiri kwamba ningejiunga na shirika la kidini. Nilikuwa wa kitaaluma kufanya hivyo, na kidini ingeonekana ni heshima kubwa sana katika familia nyingi. Japokuwa nina imani na inaongoza baadhi ya matendo yangu, sijawahi kuwa na wito katika dini.

Baada ya mlipuko wa volkeno, nilienda kuishi na babu na bibi yangu na nikajikuta nakuwa Mkatoriki kama wao. Wazazi wangu ni Waprotestanti. Katika familia yetu, ni mimi na kaka yangu ambaye niliweza kumshawishi ndio wakatoriki. Kwenye masomo yangu ya kawaida nilisoma hisabati na fizikia. Swala la masomo ya juu lilipokuja, Teolojia haikuwa chaguo langu. Nilichagua sheria, japokuwa kulikua na hatari ya kwamba nisingekua na vigezo, nilikua ninaanza upya.  Nilianza kusoma katika mji wangu wa nyumbani katika Chuo Kikuu cha Goma (UNIGOM). Utaalamu wangu katika hisabati, fizikia na masomo ya dini vilinisaidia. Mwelekeo huu ulinifaa kabisa.

Kwa haraka, nilijikuta naanza kujihusisha na vyama ambavyo vililenga kukuza utawala wa sheria na vilijitolea kuheshimu haki za kibinadamu. Nilifanya harakati za haki za kibinadamu na elimu ya uraia nikiwa kiongozi wa mawasiliano na utetezi kwa Mtandao wa Amani wa Congo, hasa katika ngazi za chini. Hii kazi iliniwezesh kupata mtazamo mpya kuhusu nchi yangu. Nilifanya harakata zangu katika majimbo ambayo sikuwahi kufika kabla, mfano jimbo la Kivu Kaskazini na Kivu Kusini, Maniema, Tshopo na majimbo ya jiji la Kinshasa. Niliweza kutambua athari za vurugu katika majimbo haya pamoja na ukiukwaji mkubwa wa mfumo wa haki za kibinadamu ulionekana bila kuadhibiwa kabisa.

Kadiri miaka ilivyopita, ndivyo nilizidi kutambua umuhimu wa sheria katika kushughulikia hali za ubadhirifu wa haki, na wakati huo huo jinsi gani ubadhirifu wa haki unavyoweza kujitokeza kutokana na kupuuzwa kwa namna kesi zinavyoendeshwa na mahakama. Wakati kesi za unyanyasaji wa kijinsia zilipoletwa kwangu wakati nikianza kazi ya sheria, nilishtushwa kuona jinsi  waathirika walivyoshughulikiwa kwa kupewa umuhimu mdogo na kutokusikilizwa kwa yale walioyaeleza.

Matukio haya yalinifanya kufahamu kwa upana suala la haki za kibinadamu. Niliamua kufanya shahada ya uzamili, baada ya shahada yangu ya uzamili nilipata fursa ya kukamilisha programu ya Haki za Kibinadamu na Demokrasia katika Afrika huko Pretoria nchini Afrika Kusini na katika Chuo Kikuu cha Oslo nchini Norway. Ubia huu uliandaliwa kati ya vyuo vikuu hivi viwili na Kituo cha Haki za Kibinadamu cha Kitivo cha Sheria cha Chuo Kikuu cha Pretoria na Kituo cha Haki za Kibinadamu cha Norway cha Chuo Kikuu cha Oslo.

Kabla ya programu hii sikuwa mzuri katika kuongea kingereza, ilinibidi nijifunze lugha hii wakati huo huo nikisoma shahada ya uzamili. Nilifika darasa la Kiingereza saa moja asubuhi kisha kujiunga na wenzangu. Ninashukuru kwa kozi hii ya lugha kwani imenifanya niweze kuongeza lugha kati ya lugha ninaozungumza kwa sasa: Kiswahili, Kilingala, Kinande na Kifaransa. Kiingereza huniwezesha kuelewa mifumo tofauti ya kisheria na njia tofauti za kufikiri. Kiswahili hunisaidia katika mazungumzo na watu wa nyumbani, pia katika kufanya mahojiano kwa ajili ya utafiti wangu wa Shahada ya Uzamivu.

Wakati wa shahada yangu ya uzamili, nilijifunza kuhusu uwezekano wa utafiti wa pamoja kati ya vyuo vikuu huko DRC na Ubelgiji. Kama sehemu ya ushirikiano huu, walikuwa wanatafuta watafiti wa udaktari, hivyo niliomba na kuchaguliwa. Sylvie Saroléa ni mmoja wa waendelezaji wa tasnifu yangu, wa pili ni Trésor Maheshe, ambaye pia ni mwanachama wa EDEM. Yeye ndiye aliyenisaidia kuingia katika EDEM. Kila mtu anayefanya kazi na Sylvie Saroléa ni sehemu ya EDEM, mtandao wa watafiti ambao hujenga mahusiano yao. Kupitia kwa utaratibu huu wa moja kwa moja, tunaelekezwa kufanya kazi juu ya suala la uhamiaji na kuchapisha maoni katika majarida ya EDEM. Hii inatuwezesha kuweka utafiti wetu katika mitazamo tofauti tofauti.

Katika masomo yangu ya shahada, sikuwa na mafunzo katika sheria ya wakimbizi. EDEM imenipa ufahamu mpya katika eneo hili la utafiti, ambalo kisheria na kibinadamu sikuweza kuvitambua hapo awali. Kusoma kwa wenzangu kumenifanya nifahamu changamoto kubwa inayoikabili Afrika na Ulaya, na pia kunanipa mtazamo mpya kuhusu suala la haki za kibinadamu na jinsi yakuziheshimu haki hizo.

Maudhui ya utafiti wangu yanahusu upatikanaji wa haki kwa waathirika wa uvunjwaji mkubwa wa haki za kibinadamu nchini DRC. Kwa njia isiyo rasmi, inaibua suala la hisia zinazojitokeza kutona na matokeo mabaya yanayotaka na ubadhilifu wa haki, ambalo ni muhimu sana kwangu. Kupitia utafiti huu kumenifanya niweze kuunganisha uzoefu wangu kikazi na mashirika yasiyo ya kiserikali.

Tafiti yangu itachukua miaka minne(4) kukamilika, nashukuru kwa udhamini wa ARES. Hii itaniruhusu kupata maarifa zaidi na pia kuchanganua ukweli wa nchi yangu kwa njia tofauti. Wakati itakapokamilika, ningependa kuweza kutumia ujuzi wangu kwa huduma ya jamii yangu, na ndiyo inayonipa ujasiri wa kukabiliana na changamoto. Nadharia yangu inahusisha vipindi nilivyokaa katika vyuo vikuu vya kaskazini na kusini, kuruhusu wanafunzi wa Shahada ya Uzamivu kusini kuendelea kuwa na mawasiliano na jamii zao na kuwa na uhalisia wa nchi zao, ambazo mara nyingi ni wa kubadilika sana. Baada ya kuwepo nchini Ubelgiji kwa muda wa miezi 6 au 7 natumai kurudi nyumbani kwa furaha.

Swali langu la utafiti linatokana na uchunguzi:  mbinu mbalimbali katika kushughulikia uhalifu wa kutisha zina mapungufu fulani, na mchakato wenyewe unaweza kuzalisha hisia mpya za udhalimu. Ili kushughulikia hili, ninaandaa taratibu mbalimbali zitakazojumiasha mifumo yote ya sheria na sayansi ya jamii.

Mbinu yangu ya kiuchunguzi inajumuisha uchunguzi shirikishi na aina mbalimbali za mahojiano. Ninajizoeza katika mbinu hizi mbalimbali ambazo sikuzizoea nilipoacha masomo yangu ya sheria, kama vile misingi ya haki ya mpito, ambayo inanisaidia leo. Mahojiano niliyofanya tayari yamenifanya nifahamu athari ya kutotekelezwa kwa uamuzi wa mahakama ulio amuru kulipa fidia. Uzembe huu umesababisha mshangao kwa kila mtu.

Ningependa kuonyesha michakato mingine iliyopo na uwezekano wa njia za jadi za kutatua mizozo, kama vile ubunifu wa jamii fulani za kienyeji katika kupambana na unyanyasaji uliotejitokeza na majeraha yaliyosababishwa na unyanyasaji huo. Fasihi inaonyesha kuwa kuna hali ya kutokuaminiana na mara nyingine kutokuaminiana kati ya wadau mbalimbali, lengo langu ni kuchambua mienendo ya mwingiliano wa sasa kwa kujaribu kufafanua njia mpya za kufanya kazi kwa pamoja.

Kama watafiti, tuna jukumu la kufikiria njia mpya za haki, njia mbadala za kuhakikisha ulinzi wa haki za kibinadamu. Katika hatua hii ya utafiti wangu, naona jinsi sheria chanya ilivyokuwa ikioneshwa sana. Sheria chanya ingeweza kifundishwa kama suluhisho linalofaa kwa matatizo yote ya jamii. Hakukuwa na nafasi kwa mbinu za kijadi au njia mbadala za kutatua migogoro. Uhalisia uliminywa na mbinu mpya ziliwekwa.

Kama sehemu ya utafiti wangu wa uzamili, naweza kuchunguza dhana fulani zinazotokana na utamaduni wangu wa Kibiblia, kama vile msamaha, haki, na adhabu ya ki Mungu. Dhana hizi zimetokana na utamaduni wa Magharibi ambao mara nyingine unakinzana na haki ya kijadi ambayo imeegemea katika upatanishi. Utafiti huu umenifanya nizingatie tofauti fulani hivi. Kuwaleta watu pamoja na kuwapatanisha ni muhimu kwa jamii yangu, lakini sina hakika ikiwa ni muhimu kwa utamaduni wa Magharibi, ambao unategemea wazo la utawala na ukuu.

Wakoloni  hawakuzingatia uhalisia wa maisha ya wazawa wakati wa kutunga sheria, na wala utofauti wao wakitamaduni haukuzingatiwa. Leo hii ni dhana ya msingi kuzingatia hivi vitu. Mtazamo huu mpya utasaidia kuheshimu nafasi ya kila mmoja na kuepuka kutoa vipaumbele. Nimefurahi sana kuweza kufanya kazi katika mchanganyiko huu wa mawazo.

Utafiti wangu unaniruhusu kujifunza kwa kuangalia mitazamo tofauti tofauti, kama ninavyofanya ninapoangalia jiji langu kutoka Rubavu, ambayo ni jina jipya la Gisenyi.