Campagne COVID-19
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Premiers résultats de recherche
Voilà plus d’un an que le premier cas de COVID-19 était détecté en Chine ; quelques semaines plus tard, le virus se propageait en Europe. Face à cette nouvelle inconnue, de multiples études ont débuté aux quatre coins du globe afin de mieux comprendre et trouver des moyens pour combattre efficacement ce virus.
À l’UCLouvain, de nombreux chercheurs et chercheuses se sont rapidement mobilisés afin de mieux cerner les nombreuses questions soulevées par cette pandémie, mais aussi pour connaître le ressenti de la population face à une crise à laquelle personne n’était préparé. Plusieurs résultats de ces recherches ont été publiés récemment.
COVID-19 : la longueur des télomères joue-t-elle un rôle ?
L’âge, le surpoids et le diabète sont identifiés, parmi d’autres, comme des facteurs de risque de développer une forme sévère de COVID-19. Cependant, une partie des patients ne présente pas de facteur de risque évident, ce qui pose la question du rôle de facteurs génétiques. Une équipe de chercheurs des Cliniques universitaires Saint-Luc et de l’Institut de Duve de l’UCLouvain s’est intéressée au rôle potentiel des télomères dans le cadre de la COVID-19.
Les télomères sont des séquences d’ADN situés à l’extrémité des chromosomes, qui protègent le matériel génétique et rétrécissent au fil des divisions cellulaires, autrement dit avec l’âge. La taille de ces télomères diminue en fonction de l’âge de la cellule et de l’individu. Lorsqu’ils deviennent trop courts, notamment chez les personnes âgées, les cellules entrent en sénescence (un phénomène proche de la mort cellulaire). Ces structures jouent donc en quelque sorte un rôle d’horloge biologique cellulaire. Toutefois, la longueur des télomères n’est pas la même pour tous les individus du même âge et dépend, entre autres, de certaines variantes génétiques. À côté d’un impact démontré sur la survenue de nombreuses maladies chroniques, un raccourcissement des télomères semble affecter les défenses contre les virus. On suppose que les individus dont les télomères sont plus courts épuisent plus rapidement leur stock de cellules immunitaires.
Mesurer la longueur des télomères
Les professeurs Antoine Froidure (Service de pneumologie, Cliniques Saint-Luc et Institut de recherche expérimentale et clinique, UCLouvain) et Anabelle Decottignies (Institut de Duve, UCLouvain) ont décidé d’investiguer le lien potentiel entre taille des télomères et COVID-19. Il est possible de mesurer la taille des télomères des globules blancs d’un individu par une simple prise de sang, grâce à une technique de pointe appelée « FlowFISH », disponible depuis peu au laboratoire des Cliniques Saint-Luc et grâce à une collaboration avec l’Institut de Duve.
Lors de la première vague (entre le 7 avril et le 27 mai 2020), 70 patients hospitalisés aux Cliniques universitaires Saint-Luc pour une infection COVID-19 se sont soumis au test. La taille des télomères de cette population, âgée de 27 à 96 ans, a été comparée aux résultats d’un groupe témoin, près de 500 personnes non atteintes de la COVID-19. Dans la cohorte des patients COVID-19, les télomères se sont avérés plus courts par rapport au groupe de référence. L’étude a aussi mis en évidence que le fait d’avoir des télomères très courts (de taille inférieure au percentile 10 pour l’âge) était associé à un risque significativement plus élevé d’admission aux soins intensifs ou de décès.
Les chercheurs sont donc parvenus à démontrer qu’une proportion anormale de patients hospitalisés pour une forme sévère de COVID-19 avaient des télomères plus courts que la population générale. Cette étude, dont les résultats ont été publiés dans le journal américain Aging, ouvre des perspectives importantes dans la compréhension des mécanismes de l’immunité vis-à-vis du coronavirus.
Plus d’informations : https://www.aging-us.com/article/104097/text
COVID-19 : comment les Belges perçoivent-ils les mesures de prévention ?
Au-delà des efforts mis en place par les systèmes de santé pour mettre sur pied des stratégies efficaces de soins aux personnes, de dépistage et de vaccination, la situation épidémiologique que nous connaissons a mis en lumière l’importance des comportements individuels dans la prévention de la propagation du virus.
Une équipe de recherche, regroupant des spécialistes de la promotion de la santé et de l’épidémiologie des désastres de l’UCLouvain, a mené une étude sur les connaissances, les perceptions et les comportements des citoyens belges face aux mesures de protection préconisées par le gouvernement pour limiter la propagation de la COVID-19 dans notre pays. Un sondage en ligne a permis de collecter des données auprès d’un échantillon de plus de 2.000 personnes représentatives de la population belge.
Cette étude, qui a eu lieu au mois de septembre, avait pour objectif de documenter les connaissances, perceptions et comportements en lien avec le respect des mesures de prévention du virus, mais aussi d’identifier les groupes-cibles plus vulnérables.
Les principaux résultats
Concernant le respect des mesures, les répondants ont mentionné les avoir généralement bien respectées et souhaiter continuer le faire à l’avenir. La perception de l’utilité des mesures ressort comme un facteur d’adhésion important, devant la perception de la sévérité de la menace. Parmi les recommandations en vigueur au mois de septembre, le respect de la bulle sociale limitée à 5 personnes, en lien avec la fréquentation des bars et des restaurants, a été la plus difficile à respecter. C’est également la mesure qui recueillait le plus faible taux d’adhésion.
En tête des sources d’informations jugées crédibles par les répondants, arrivent les experts, qu’il s’agisse d’experts scientifiques apparus dans les médias ou d’experts plus proches, comme les professionnels de santé. Viennent ensuite les journalistes (télévision et presse) et les politiques.
Au travers des résultats de l’étude, les chercheurs ont tenté d’identifier certains groupes qui seraient plus à risque de ne pas comprendre ou de ne pas mettre en oeuvre les mesures de prévention. Les répondants francophones présentaient des scores de compréhension et d’adhésion plus bas que les répondants néerlandophones. Les jeunes adultes (18 à 30 ans) ont déclaré se trouver en difficulté pour appliquer strictement les mesures. C’était le cas également des personnes les moins instruites et aux revenus les plus bas parmi les répondants.
Depuis le début de la crise, toutes les communications destinées à renforcer la motivation du public à adhérer aux mesures tournent autour du rappel des chiffres de contamination, hospitalisation et décès. Les résultats suggèrent qu’une communication plus efficace devrait, sans les nier, se décentrer de ces messages alarmistes. L’utilité perçue des mesures, associée au fait de se sentir capable d’adopter les comportements demandés, pousseraient davantage les répondants à respecter les mesures. Cela suggère donc qu’il est essentiel de bien documenter les raisons qui motivent certaines prises de décision et que des actions de proximité et la mise en oeuvre de démarches participatives sont nécessaires, pour mieux comprendre les différentes réalités vécues par les citoyens, et les soutenir dans les efforts qu’elles et ils déploient dans leurs contextes de vie propres.
Plus d’informations : https://dial.uclouvain.be/pr/boreal/object/boreal:241832
Pour revoir le webinaire sur le sujet, cliquez ici
Nouveaux projets financés
Les fonds récoltés depuis avril dernier et visant à financer des recherches menées dans le cadre de la COVID-19 avait déjà permis de financer cinq projets de recherche. En cette fin d’année 2020, les professeurs Laurent Taskin, François Chaumont et Olivier Luminet ont également pu bénéficier du soutien de la Fondation Louvain pour mener leur projet de recherche en lien avec la COVID-19.
WORKVID
Afin de limiter les contacts sociaux et donc de ralentir la propagation du coronavirus, de nombreux salariés se sont retrouvés isolés à leur domicile afin de poursuivre leur activité professionnelle. Cette déspatialisation intensive et forcée a pour effet de questionner durablement l’organisation du travail et le rapport que nous entretenons avec notre organisation, notre travail, nos collègues. Ce projet de recherche entend décrire la transformation possible du « rapport au travail » et comprendre les effets de long terme que cela peut avoir pour les organisations, le management et les travailleurs. Le personnel travaillant à distance serait-il moins engagé ? La relation de travail se limiterait-elle à une relation transactionnelle ? Avec quels effets pour les collectifs de travail ?
L’objectif du projet WORKVID, initié par le Pr Laurent Taskin, est de questionner et de comprendre les effets de cette pratique (d’abord intensive) du télétravail sur le rapport au travail, en investiguant deux dimensions particulières : la territorialité et la reconnaissance. Cette recherche fait le parallèle entre la situation observée et les études portant sur la distribution des espaces de travail (coprésence, territorialité, corporéalité) en gestion des ressources humaines et en sciences des organisations. Prenant place dans le contexte de confinement, puis de déconfinement, avec les incertitudes prévalant tout au long de la période investiguée, la recherche entend identifier les éléments qui influencent le rapport au travail et sa reconfiguration, par la distance, au cours du temps.
Impact des glycanes sur la liaison de la glycoprotéine S du virus SARSCoV-2 au récepteur humain hACE2
La pandémie provoquée par le virus SARS-CoV-2 est responsable de près de 2 millions de décès de par le monde. Plusieurs interrogations existent quant aux mécanismes moléculaires sous-jacents. La première étape de l’infection par le virus SARS-CoV-2 consiste en une interaction entre une protéine de l’enveloppe virale, la glycoprotéine S, et un récepteur présent à la surface des cellules humaines, le récepteur hACE2. La protéine S est modifiée, après sa synthèse, par l’ajout d’oligosaccharides ou glycanes fixés à certains de ses acides aminés. La composition des glycanes de la glycoprotéine S peut varier et, par conséquent, modifier la liaison de la protéine au récepteur humain. Le profil des glycanes de la glycoprotéine S est donc une propriété essentielle à étudier pour comprendre la liaison du virus au récepteur hACE2.
La recherche de l’équipe du Pr François Chaumont et de la Dre Catherine Navarre, du Louvain Institute of Biomolecular Science and Tehchnology vise à déterminer l’influence du profil de glycosylation de la glycoprotéine S sur son interaction avec le récepteur hACE2. Les chercheurs exprimeront la glycoprotéine S dans différentes lignées cellulaires végétales modifiées dans la voie de biosynthèse des glycanes, afin de produire des glycovariants présentant des profils de glycosylation prédéfinis et homogènes. Les paramètres d’association et de dissociation entre le récepteur humain hACE2 et les différents glycovariants produits seront analysés en collaboration avec le Pr David Alsteens. Ces études permettront de mettre en évidence l’implication des glycanes dans la liaison de la glycoprotéine S sur le récepteur hACE2.
Une meilleure compréhension de l’interaction du virus SARS-Cov-2, et plus particulièrement de la glycoprotéine S de l’enveloppe, avec le récepteur hACE2 présent à la surface des cellules humaines est essentielle pour développer des traitements antiviraux efficaces ou préparer des vaccins performants.
Vers une meilleure prédiction des comportements préventifs contre la contamination par le SRAS CoV-2 chez les adultes : une approche psychologique intégrative
En attendant la distribution généralisée du vaccin, ce qui prendra encore de nombreux mois, le respect des comportements préventifs (lavage des mains, port du masque, respect de la distance interpersonnelle, limitation des contacts sociaux, etc.) constitue un des leviers majeurs pour freiner la propagation de la COVID-19. Afin d’inciter la population à respecter ces mesures, des campagnes d’informations sont menées. Des sanctions financières ou pénales sont également prévues en cas de non-respect des consignes sanitaires. Toutefois, ces mesures s’avèrent peu efficaces pour changer les comportements de façon durable, et même les personnes les plus motivées éprouvent une certaine lassitude à respecter ces comportements protecteurs sur le long terme. Enfin, on observe des variations individuelles dans le suivi de ces comportements préventifs.
Afin de répondre à ces difficultés, le projet dirigé par le Pr Olivier Luminet propose une approche psychologique de prédiction et de modification des comportements préventifs, basée sur la prise en compte conjointe de facteurs cognitifs et émotionnels. Cette approche permettra de mieux comprendre les déterminants de nos comportements préventifs et de mieux les mettre en correspondance avec les recommandations sanitaires. Il s’agit par ailleurs d’une approche peu coûteuse en termes économiques, tout en ayant démontré son efficacité dans d’autres contextes. Le projet se concentrera sur trois comportements essentiels pour faire face de façon efficace à la pandémie : le lavage fréquent des mains, le port du masque et la limitation des contacts sociaux. Dans un premier temps, les chercheurs détermineront les facteurs qui peuvent limiter l’adoption de ces comportements. Leur identification permettra de mettre en place des interventions ciblées qui viseront à la généralisation de ces comportements à l’ensemble de la population sur le long terme.
Les chercheurs ont interrogé un échantillon initial de plus de 5.000 participants pendant le confinement pour examiner les facteurs intervenant dans la prédiction de ces comportements. Le projet permettra un suivi régulier (au minimum tous les 2 mois) afin d’établir si les déterminants de l’adoption des comportements préventifs varient en fonction de l’évolution de la situation sanitaire, ce qui permettra ensuite d’ajuster des interventions ciblées.