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Intelligence artificielle à l’UCLouvain : quel potentiel pour la recherche et l’entreprise ?

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20 December 2023, modified on 6 December 2024

Depuis sa création en 1999, la Fondation Louvain soutient les projets stratégiques de l’UCLouvain en matière de recherche scientifique, d’enseignement, d’internationalisation et de développement culturel. Deux fois par an, la Fondation organise ses rencontres afin de rassembler ses mécènes et partenaires autour de projets ambitieux et de thématiques d’actualité. 

Le 14 décembre dernier, une centaine d’invités se sont retrouvés aux Halles universitaires à Louvain-la-Neuve pour la quatrième Rencontre de la Fondation Louvain, dont le thème portait sur l’intelligence artificielle. 

Dans son discours d’introduction, Pierre-Olivier Beckers a rappelé que « nous pouvons être fiers de notre Alma Mater, fierté qui se nourrit, selon moi, de trois éléments. Tout d’abord, la fierté de la formation que nous avons reçue et qui nous permet ou nous a permis de développer des carrières professionnelles les plus diverses. Ensuite, la fierté d’apprendre très régulièrement que les professeurs et les scientifiques de notre université sont plébiscités et récompensés pour la qualité de leurs travaux, nous en avons encore un très bel exemple dans le domaine de l’intelligence artificielle. Enfin la fierté de voir de la part de l’UCLouvain cette ouverture au monde tant au niveau universitaire que sociétal ou entrepreneurial ». Le président de la Fondation a également mentionné la longue histoire de notre université avec ses presque 600 ans d’existence. « Ces six siècles ont été rythmés de défis humains, scientifiques et politiques à relever. À chaque fois, l’UCLouvain en est ressortie plus forte ». 

Place ensuite à la thématique qui a animé cette quatrième Rencontre, « l’intelligence artificielle à l’UCLouvain : quel potentiel pour la recherche et l’entreprise ? ». Pour rentrer dans le vif du sujet, une vidéo faisant un état des lieux des différentes expertises en intelligence artificielle à l’UCLouvain a été diffusée. 

Marie-Catherine de Marneffe, chercheuse qualifiée FNRS au Centre du Traitement Automatique du Langage (Institut Langage et Communication), a ensuite abordé le potentiel et les défis de l’intelligence artificielle générative. Les premières utilisations du traitement automatique du langage naturel (TALN) remontent aux années 60 avec des systèmes basés sur des règles développées par des linguistes et logiciens pour arriver à l’utilisation intensive de l’IA générative avec le lancement de ChatGPT en 2022. Cette évolution a été permise par l’accès à un très grand nombre de données et à l’augmentation de la puissance de calcul des ordinateurs. La technologie sous-jacente à ChatGPT est un large modèle de langue (LLM), à savoir un réseau de neurones entraîné à générer une séquence de mots étant donné un contexte. L’entraînement de ces LLMs se fait en cachant certains mots du texte et en apprenant au modèle à les prédire. Les capacités langagières de ChatGPT sont bluffantes et il se révèle un bon partenaire pour différentes tâches (comme améliorer ou résumer un texte, brainstormer), mais cet outil, comme toute évolution technologique, est une épée à double tranchant : il y a plusieurs défis dans son utilisation. Il n’y a aucune notion de véracité dans ce que l’outil génère, de même qu’il amplifie le biais intrinsèque aux données (exemple : les femmes sont à la cuisine). Le troisième défi réside dans les questions d’éthique : peut-on légitimement se baser sur les productions existantes pour en régurgiter une partie, sans citer de sources ? Enfin, ces LLMs ne sont pas écologiques : on estime qu’une requête ChatGPT équivaut à 4,32 g de CO2 contre 0,2 g de CO2 pour une requête Google, sans parler de leur entraînement très coûteux en ressources également. 

Michael Saint-Guillain, CEO et co-fondateur de la spin-off Genko, a quant à lui parlé de son expérience M.A.R.S. UCLouvain, jusqu’à la création de sa spin-off. Quel est le lien entre un projet étudiant et la création d’une spin-off ? Les innovations de Rombio ont été appliquées pour la première fois, en 2018, sur Mars ou plutôt à la Mars Desert Research Station, dans le désert de l’Utah, aux Etats-Unis. L’objectif de M.A.R.S. UCLouvain est qu’un équipage composé d’étudiants et de doctorants vivent en autonomie pendant deux semaines afin de mener une série d’expériences scientifiques dans le but d’améliorer notre connaissance de la vie possible sur la Planète rouge. Michael Saint-Guillain suivait les opérations des scientifiques présents pour créer des plannings optimisés. L’objectif : maximiser les chances de réussite de leurs expériences en prenant en compte les nombreuses incertitudes et contraintes opérationnelles des expériences scientifiques. La NASA ayant été convaincue par la recherche et les résultats, Michael collabore depuis lors avec l’équipe en charge du rover Mars Perseverance 2020. En janvier 2023, il lance la spin-off Genko qui utilise l’intelligence artificielle pour créer et optimiser les plannings, via le logiciel Rombio. 

Le recteur, Vincent Blondel, a clôturé la soirée en présentant les dernières actualités et moments forts de l’UCLouvain. Ce fut l’occasion pour lui de remercier très chaleureusement tous les donateurs et les entreprises partenaires qui soutiennent année après année, les projets de l’université. À partir du 9 février 2024, le professeur Didier Lambert lui succèdera en tant que recteur par intérim. 

Pour voir ou revoir la vidéo sur l’intelligence artificielle