« L’Europe et ses valeurs au cœur d’émotions contradictoires »
fondlouv |
Plus de 90 personnes ont assisté à cet événement, qui partait du constat que des valeurs comme la démocratie, l’État de droit ou la solidarité sont de plus en plus invoquées dans les débats sur l’Europe. Traditionnellement vues comme des principes unificateurs par les défendeurs du projet européen, ces valeurs sont davantage invoquées ces dernières années par les opposants à ce projet. Loin de faire l’objet d’un consensus, ces différentes valeurs sont souvent en conflit l’une avec l’autre, une même valeur pouvant inviter à plusieurs interprétations. En même temps, les crises des dernières années ont aussi montré que des valeurs comme l’égalité ou la survie de la planète peuvent mobiliser les gens grâce à leur dimension émotionnelle. Si nous souhaitons motiver davantage les peuples en faveur du projet européen, nous ne pouvons pas nous passer de cette force émotionnelle et mobilisatrice de ces valeurs.
Comment parler de ces valeurs et comment gérer les émotions qu’elles suscitent ? Ce colloque souhaitait trouver des réponses en évitant les extrêmes : ni refouler les émotions derrière un discours technocratique, ni laisser les populistes les instrumentaliser. Il s’agissait plutôt de trouver des espaces où des valeurs et des émotions peuvent être exprimées, y compris ce qu'on appelle des « ressentiments dormants ».
Après une introduction par Wim Weymans, le titulaire de la Chaire en Valeurs Européennes, des spécialistes de diverses disciplines telles que l’histoire, la psychologie, la philosophie ou les sciences politiques ont débattu sur ces différents sujets, sous forme de dialogues autour de quelques thèmes principaux. Durant la matinée, Jean-Marc Ferry et Anne-Lorraine Bujon de l’Estang ont fait le lien entre les valeurs de l’Europe et la crise de la démocratie, tandis que Constanze Itzel, Olivier Luminet et Valérie Rosoux ont mis en évidence combien nos émotions sont liées aux représentations de l’histoire européenne. L’après-midi, Antoine Arjakovsky et Bernard Foccroulle ont évoqué les apports des mondes intellectuels et artistiques pour favoriser des émotions positives à l’égard de l’Europe, tandis que Denis Duez, Martin Deleixhe et Gérard Testard ont parlé des émotions et des valeurs autour de la crise migratoire. Enfin, dans un dernier panel, en anglais, Jacques Rupnik et Jarosław Kuisz nous ont éclairés sur les émotions contrastées que le projet européen génère en Europe centrale et orientale par rapport à l’Europe occidentale.
www.uclouvain.be/europeanvalues