Les gestes barrières presque plus respectés
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Lavage des mains, port du masque, limitation des contacts sociaux, distanciation physique : ces quatre comportements se sont invités dans le quotidien des Belges lors de l’apparition du COVID-19. Ces gestes avaient pour objectif de diminuer la propagation du virus. Au fil des mois et selon l’évolution de la pandémie, les citoyens ont eu tendance à moins respecter ces mesures.
Selon une étude de l’UCLouvain et du FNRS, soutenue par la Fondation Louvain, le respect des gestes barrières diminue nettement depuis un an. Cette enquête longitudinale a permis de suivre une cohorte de 593 Belges francophones, à quatre moments cruciaux de la pandémie (fin avril 2021 ; fin juin 2021 ; fin novembre-début décembre 2021 et mi-mars 2022). Le but était d’analyser l’évolution du respect des recommandations sanitaires et de comprendre les déterminants de ce suivi.
Les Belges respectent moins les gestes barrières
De manière générale, le suivi des règles a diminué à travers le temps, jusqu’à atteindre des niveaux très faibles à la mi-mars 2022. « On constate une diminution assez importante du respect des gestes barrières aujourd’hui », explique Olivier Luminet, coordinateur de l’étude et professeur de psychologie de la santé à l’UCLouvain.
Le lavage des mains est aujourd’hui plus respecté que les autres comportements. Six répondants sur dix se lavent (modérément ou fréquemment) les mains, quand à peine plus d’un tiers des participants à l’étude affirment encore suivre les trois autres recommandations. « Les autres gestes sanitaires, et particulièrement la limitation des contacts et la distanciation physique, sont nettement plus coûteux en termes psychologiques », analyse le professeur Luminet.
Lors des quatre prises de mesures, les scientifiques ont observé que les femmes affirment se laver les mains plus fréquemment que les hommes, que les jeunes (18-35 ans) suivent moins les comportements sanitaires et que cet écart entre générations s’est creusé à travers le temps pour la limitation des contacts sociaux et la distanciation physique.
Lors de la dernière collecte de données, un comportement supplémentaire a été mesuré : l’aération des espaces fermés. Les résultats montrent que 12% des sondés le font très fréquemment, 29% à un niveau modéré, 37% à un niveau faible et 22% à un niveau très faible. Ce comportement est à la fois efficace pour limiter la propagation du virus et peu psychologiquement.
Recommandations
Les règles gouvernementales ont fortement évolué à travers les différents temps de mesure. « La hausse observée ces derniers jours dans les infections et les hospitalisations rappelle que les comportements sanitaires restent importants à préserver dans certaines circonstances. Il est donc crucial d’examiner les facteurs qui peuvent expliquer l’application plus ou moins rigoureuse de ces comportements de santé si de nouvelles vagues d’infection devaient se présenter. Même si ces comportements sanitaires ne sont plus obligatoires que dans quelques contextes, leur application reste néanmoins utile pour maintenir une propagation faible du virus », poursuit Olivier Luminet.
L’un des principaux volets du projet consiste à étudier l’impact de l’adhésion aux comportements sanitaires sur la santé mentale à travers le temps. Dans ce contexte, les chercheurs ont mis en évidence que les individus qui se distancient physiquement et socialement de manière très importante ressentent des niveaux de solitude et de dépression plus élevés. Cependant, cet effet ne s’observe pas pour le lavage des mains. Les résultats démontrent que l’adhésion aux comportements de santé allant à l’encontre de nos besoins fondamentaux de socialisation engendre une détérioration de la santé mentale à long terme chez certains individus. Un équilibre entre prévention de la santé physique et de la santé mentale est donc crucial à trouver.